RESUME de la PREDICATION du pasteur Gabriel MONET du 31 octobre 2015

 

Les chrétiens se saluent comme frères et sœurs, même s’ils ne se connaissent pas, car Dieu est leur Père à tous. Les jeunes baptisés sont appelés « petits frères ». Reconnaître Dieu comme Père fait naître un nouveau type de relation : celle d’une famille spirituelle.

« […] Ah, qu’il est bon, qu’il est agréable pour des frères d’être ensemble ! » Psaume 133.1. Comment vivre pleinement cette nouvelle relation qui, comme dans la famille biologique, n’est jamais parfaite et sans remous ?

L’ensemble du Nouveau Testament nous invite à nous comporter en frères et sœurs, à avoir des relations fraternelles. Dans ses épîtres, l’apôtre Paul s’adresse à ses « frères » des différentes Eglises (Corinthe, Ephèse, Thessalonique…). Jésus lui-même considère ses disciples comme ses frères : Jean 20.17 « Jésus lui dit : Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va dire à mes frères que je monte vers mon Père qui est aussi votre Père, vers mon Dieu qui est aussi votre Dieu. »

Jésus-Christ accorde à ceux qui croient en lui le droit de devenir enfants de Dieu (Jean 1.12), lui étant le premier-né d’une multitude de frères (Romains 8.29). Il fait alors la distinction entre les liens de sang et les liens de l’esprit, leur accordant une importance toute aussi grande : Matthieu 12.50 « Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux est mon frère, ma sœur ou ma mère. »

Etant dans la volonté de Dieu, appartenant à l’Eglise, les frères sont dans l’égalité, quels que soient leurs rôles et leurs responsabilités dans l’Eglise : Matthieu 23.8-9 « Mais vous, ne vous faites pas appeler Maître, car vous êtes tous frères et vous n’avez qu’un seul Maître ».

Les liens de la famille spirituelle sont faits d’égalité, de solidarité, de compassion. Notre foi, notre relation à Dieu dépend de la relation que nous avons avec nos frères et sœurs. 1 Jean 3.16-17 : « Voici comment nous savons ce qu’est l’amour : Jésus-Christ a donné sa vie pour nous. Donc, nous aussi, nous devons être prêts à donner notre vie pour nos frères. Si quelqu’un, ayant largement de quoi vivre, voit son frère dans le besoin mais lui ferme son cœur, comment peut-il prétendre qu’il aime Dieu ? »

Reste que nombre de relations entre frères et sœurs relatées dans la Bible ne sont pas si idylliques. L’harmonie initiale de la relation entre Adam et Eve a été brisée par le péché. Caïn, leur fils, a éprouvé un sentiment de jalousie à l’égard de son frère Abel, dû à la différence de regard que Dieu leur a porté (Genèse 4.1-5). Le péché amène pour conséquence la rupture de la relation avec l’autre. Banni de sa terre pour avoir tué son frère, Caïn a perdu ses racines et donc une partie de son identité (Genèse 4.11). Or, nul ne peut se construire pleinement que dans une relation avec ses frères et Dieu exprime que le péché n’est pas une fatalité. Il y a une possibilité de salut, de restauration de la relation brisée (Genèse 4.6-7). Si Caïn, seul en tant qu’homme, n’est pas en mesure de revenir dans le projet de Dieu, il peut lui demander de l’aide pour revenir vers lui. Dieu offre alors un signe, devenant le gage d’une relation avec lui, qui même si elle est devenue lointaine et difficile, peut être restaurée (Genèse 4.13-16).

A l’opposé d’une relation brisée, il ne faut pas être dans une fusion totale où notre identité disparaît. Une certaine distance est parfois nécessaire, ainsi que du temps, afin de favoriser une relation harmonieuse. Ainsi, Abraham dit à Lot : Genèse 13.8-9 « Il ne doit pas y avoir de dispute entre nous, ni entre nos bergers, car nous sommes de la même famille. Tu as tout le pays devant toi. Séparons-nous : si tu vas vers le nord, j’irai vers le sud ; et si tu vas vers le sud, j’irai vers le nord. »

Après être entrés en conflit et s’étant éloignés, par impossibilité à vivre ensemble, Jacob et son frère jumeau Esaü se sont finalement retrouvés. Vingt ans après s’être enfui, Jacob reçut un signe de Dieu lui montrant qu’il ne l’avait pas abandonné et qu’il lui demandait de retourner vers son frère. Jacob eut cependant peur de la réaction d’Esaü et engagea une lutte de toute une nuit avec Dieu lui-même, qui le laissa boiteux, mais lui ouvrit le chemin de la réconciliation avec Esaü (Genèse 32). Jacob se prosterna sept fois à terre, dans une attitude d’humilité et de reconnaissance de sa faute. « Alors Esaü courut à sa rencontre, se jeta à son cou et l’embrassa. Ils se mirent tous les deux à pleurer » (Genèse 33.4). Puis Jacob dit « […] Je t’en prie, si j’ai obtenu ta faveur, accepte de ma main mon présent, car c’est pour cela que j’ai regardé ta face comme on regarde la face de Dieu, et tu m’as bien accueilli » (Genèse 33.10).

L’expérience de Jacob nous montre que la lutte avec Dieu ne laisse jamais indemne. Le boitement de Jacob, d’un point de vue spirituel, est lié à la rupture de sa relation avec son frère. De même,  le pardon du péché, la réconciliation avec son frère et avec Dieu, n’a pas dépendu de ses propres capacités, même s’il a dû y mettre du sien.

La devise de la France « Liberté, égalité, fraternité » reprend trois valeurs qui sont chrétiennes. L’égalité est un renoncement à être totalement pour soi-même. L’équilibre entre la liberté et l’égalité est la fraternité. La fraternité est d’abord un projet et elle est toujours à construire. Souhaiter s’engager dans une relation mutuelle lorsque l’on dit « cher frère, chère sœur » est en soi une prière. Faire nôtre la prière du « Notre Père », c’est entrer dans ce projet de fraternité. C’est aussi compter sur Dieu pour qu’il continue de nous transformer.