RESUME de la PREDICATION du pasteur Gabriel MONET du 28 mai 2016
Le doute et la foi
Citations bibliques :
- TOB : Traduction Oeucuménique de la Bible (2010)
- PDV : Parole de Vie
« Gens de peu de foi », dit Jésus à ses disciples (Matthieu 8.26, Matthieu 16.8). Jésus nous invite, ainsi que ses disciples, à cesser d’être incrédules pour être des hommes et des femmes de foi.
Ce qui s’oppose à la foi est le doute. Jésus questionne-t-il le doute ou l’absence de doute ? En effet, les certitudes empêchent de voir l’essentiel.
- Lors d’un procès, les jurés posent un jugement en conscience, selon leur intime conviction. Ils ne sont jamais à l’abri d’une erreur personnelle. Ils ne peuvent jamais éliminer le risque de se tromper.
- Lorsque l’on prend l’avion, nous n’avons jamais la certitude que nous allons atterrir.
- Lorsque nous faisons un dépôt à la banque, a-t-on la certitude absolue que la banque ne va pas faire faillite, si demain se produit un crash boursier ?
- A-t-on la certitude absolue que notre repas ne contient aucune bactérie, maladie (la vache folle ou autre) ?
La certitude absolue n’existe pas dans notre vie quotidienne. Devrait-elle alors exister lorsque l’on parle de la foi ? Le doute est une réalité, une possibilité, et Jésus nous invite à avancer pour mieux articuler doute et foi. Nous pouvons distinguer trois conceptions du doute et de la foi.
Le doute sceptique qui s’oppose à la foi certitude
Les deux sont incompatibles. Le doute sceptique est la certitude que Dieu n’existe pas. La foi certitude est l’absolue conviction que Dieu existe, sans même réfléchir. C’est celle qui est décrite dans Hébreux 11.1 : « La foi est une manière de posséder déjà ce que l’on espère, un moyen de connaître les réalités que l’on ne voit pas. » (TOB) C’est l’exemple d’Abraham obéissant à Dieu lorsqu’il lui dit : « Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père. Puis va dans le pays que je vais te montrer. » (Genèse 12.1 PDV) Abraham accepte ce saut dans l’inconnu. Si l’on peut admirer Abraham, nous pouvons aussi nous interroger sur cette attitude extrême de la foi, irréfléchie, qui peut paraître déraisonnable.
L’exemple de l’apôtre Pierre montre les limites de la foi certitude quand il marche sur l’eau à la rencontre de Jésus, que le doute ressurgit et qu’il commence à s’enfoncer (Matthieu 14.28-30). Alors Jésus répond : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Matthieu 14.31 TOB
Le doute méthodique qui conduit à la foi croyance
Les deux sont compatibles, mais à sens unique. La foi croyance est raisonnable. C’est une foi savoir qui émerge après s’être interrogé sur nos croyances, comme pour le disciple Thomas. Après avoir obtenu une preuve de la résurrection de Jésus, il fait une magnifique déclaration de foi en reconnaissant Jésus comme son Seigneur et son Dieu (Jean 20.24-29).
Aujourd’hui, nous pouvons nous pencher sur les témoignages du passé pour faire émerger en nous une foi croyance.
Le doute existentiel qui s’articule avec la foi cheminement
Les deux sont compatibles et vont de l’un vers l’autre dans les deux sens.
La foi cheminement est un désir intime d’avancer vers Jésus.
Dans les évangiles et le livre des Actes des apôtres, on parle de ceux qui croient comme des pèlerins. Dans les béatitudes (Matthieu 5.3-12), le mot « heureux » est un terme hébreu qui signifie « en marche ». Il se réfère à une foi qui n’est pas un accomplissement figé, mais une progression au fil des aléas de la vie interrogeant notre foi.
Il convient d’accueillir ce questionnement, ce doute existentiel, qui ne compte pas que sur nous, mais aussi sur Dieu, car la foi est un don de Dieu.
La guérison par Jésus d’un enfant possédé par un esprit muet (Marc 9.14-29) donne un exemple de foi cheminement lorsque le père de l’enfant répond : »[…] si tu peux quelque chose, viens à notre secours […] » Marc 9.22 TOB.
Ce père n’a pas une certitude absolue que Jésus peut faire sortir l’esprit mauvais de son enfant et il se montre très humble devant le Seigneur. Il ose être vulnérable devant le Christ, qui répond « […] Tout est possible à celui qui croit ».
Dans la foi cheminement, il s’agit tout d’abord de déconstruire nos absolus, qui nous font croire que nous possédons la vérité. Le père de l’enfant s’écrie alors : « […] Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi » Marc 9.24 TOB.
La foi cheminement n’est pas absolue. Elle est toujours en manque.
Essayant de faire sortir l’esprit mauvais de l’enfant, les disciples avaient oublié de se connecter au Père dans un esprit de prière. Ils comptaient sur leurs propres forces.
Or, il faut faire le vide nécessaire pour faire place à Dieu dans nos vies.
La foi certitude montre ses limites et ses dangers, car cette foi devient notre possession.
La foi croyance donne la connaissance, mais cette connaissance ne doit pas être théorique. Elle doit être relationnelle pour créer une intimité avec Dieu. Cela ne suffit pas. Il faut accepter le doute existentiel, cette remise en cause de nous-même, pour comprendre que nous dépendons totalement de Dieu.
Hébreux 11.1 TOB nous dit : « La foi est une manière de posséder déjà ce que l’on espère […] »
Or si l’on espère, c’est que l’on ne possède pas.
C’est par l’expérience de la relation à Dieu que nous pouvons faire croître notre foi. Dieu est toujours là pour nous tendre la main ; il nous interroge sur notre propre vie. Celle-ci dépend de sa capacité à nous prendre par la main.
Notre manque de foi demeure une réalité, mais Jésus ne cesse d’y répondre.
Jésus, viens au secours de notre incrédulité.
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