RESUME de la PREDICATION du pasteur John GRAZ du 14 octobre 2017

Thème : La liberté religieuse

Lecture : Jean 6.60-67

Imaginez quelle déception pour les disciples ! Pas de nouveau César, ni d’Alexandre le Grand. Jésus a dévoilé sa mission et elle ne correspond pas du tout aux attentes de ces hommes. Nombreux sont ceux qui, découragés, le quittent ce jour-là. Les 12, les plus proches du Christ, observent la scène.

Quel choix feront-ils ? Partir ou rester ?

Avez-vous conscience que des millions de croyants rêveraient d’être avec nous ce matin dans ce lieu de culte ? Depuis le début du service nous avons prié, loué Dieu, lu la Bible. Tout cela nous l’avons fait sans peur, sans crainte qu’une descente de police ne vienne séparer les familles, sans peur qu’une bombe n’explose au beau milieu de la liturgie, sans peur que des fanatiques ne viennent massacrer certains d’entre nous sous le regard impuissant ou complice de la police, sans peur d’être tué, battu, torturé, converti de force, exploité dans des réseaux de traite d’humains comme Daesh le fait.

Quel privilège nous avons en Europe de pouvoir aller sereinement à l’église chaque sabbat matin.

La liberté de croire n’est pas le fait d’une tolérance du législateur. En effet, c’est un droit inscrit dans notre Constitution.

Cependant, certains d’entre nous sont confrontés à des difficultés dans la pratique de leur foi. Sans les faire tomber dans des situations extrêmes et dangereuses, ces choix exposent tout de même les croyants à des conséquences fâcheuses. L’étudiant qui renonce à se présenter à un examen organisé le samedi va perdre une à plusieurs années d’études et l’opportunité de rentrer dans le monde du travail. Le salarié qui sera licencié car il aura averti son futur employeur de la restriction le concernant sur le travail le samedi ; et qui par la même occasion, aux USA, va perdre son assurance santé.

76% de la population mondiale vit dans un pays privé de liberté religieuse. De nos jours, l’intolérance et la barbarie s’intensifient contre les minorités religieuses. L’Europe n’est pas épargnée par ce phénomène. Soyons vigilants, car lorsque la liberté religieuse recule, ce sont toutes les libertés publiques qui sont fragilisées : liberté d’association, liberté d’expression… Comme les libertés ne sont jamais frontalement attaquées, mais tronquées progressivement, l’opinion publique ne s’en aperçoit pas, alors que l’on progresse dans le mauvais sens. Et quand on en prend conscience, il est déjà trop tard.

Parmi nos pionniers, Ellen G. White a tenu à défendre deux idées forces pour définir les objectifs du mouvement adventiste. Bien sûr, la vérité est la première sur notre étendard, mais il est important d’y associer la liberté religieuse en deuxième. Car la survie de la vérité est intimement liée à la liberté religieuse.

Dans le texte de l’évangile de Jean, les disciples sont perplexes. Il est important pour eux de chasser les Romains. Ils sont fidèles car ils vont régulièrement au temple. Cependant, ce que leur dit Jésus rend tout confus pour eux.

Nous sommes aussi atteints par cette confusion aujourd’hui. Nous risquons de tomber dans deux travers. Premièrement, l’inaction. Certains expliquent que la persécution est un des signes du retour du Christ. C’est donc une étape inévitable et ils s’en servent comme excuse pour ne rien faire. Dans les débuts de l’adventisme, le retour du Christ semblait si proche qu’il paraissait inutile à nombre de ses fidèles de s’engager dans la liberté religieuse.

Deuxièmement, prendre l’œcuménisme pour de la liberté religieuse. En effet, lors des rencontres organisées avec toutes les dénominations participantes, aucun de nous n’a changé d’Eglise. L’œcuménisme a pour lointaine aspiration de ne voir qu’une seule Eglise chrétienne au travers de toutes ses branches. La liberté religieuse, au contraire, reconnaît l’autre dans ses différences et lui accorde le droit de les faire valoir.

Recherchons le modèle de liberté religieuse que le Christ nous propose. Alors qu’un grand nombre de fidèles a abandonné le Christ, Jésus s’adresse à ses plus intimes disciples, les « douze ». Il leur demande : « Ne voulez-vous pas les suivre en partant aussi ? »

D’autres chefs charismatiques ont été dans cette situation, comme l’empereur César. Lorsqu’il posait cette question à ses premiers officiers, ceux-ci s’exposaient à une mort certaine s’ils désertaient les rangs des fidèles.

Jésus aurait pu user de ses pouvoirs pour finir de convaincre les récalcitrants. Mais cela n’est pas la liberté telle que le Christ la conçoit. La liberté de choix sans contrainte ni influence, c’est cela la liberté religieuse que pratique Jésus.

Si la violence s’est répandue sur la surface du globe, c’est parce que souvent les mouvements religieux majoritaires ont cédé au désir de plus de puissance et ont voulu dominer les autres, devenant ainsi des persécuteurs.

Comme disciples du Christ, nous croyons que l’amour vrai n’existe pas sans liberté d’aimer.

Le ministère de la liberté religieuse est reconnu à présent par de nombreuses autorités. Hillary Clinton a déclaré : « Il n’y pas de groupe plus engagé sur les questions de liberté religieuse que l’Eglise adventiste du 7ème jour ».

Ce ministère suit les objectifs suivants :

– Partager notre foi

– Défendre la liberté religieuse pour tous et partout

– Prier pour les persécutés et le faire savoir

– Appliquer la méthode du Christ : amour, non-violence et ferme conviction

L’organisation d’un festival de la liberté religieuse comme celui d’aujourd’hui doit devenir un événement récurrent pour faire parler de ce thème et faire avancer cette cause si importante. N’oublions pas ces mots que Martin Luther King a déclaré très justement : « Nous nous souviendrons, non pas des insultes de nos ennemis, mais du silence de nos amis. »

Jésus a demandé à ses disciples s’ils voulaient s’en aller. Ils étaient libres de le faire. La réponse de Pierre est très belle : « A qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ! »

Librement ils décidèrent de rester avec Jésus et ils changèrent le monde.