RESUME de la PREDICATION du pasteur Bernard SAUVAGNAT du 6 mai 2017
Un pas à la foi : La joie et la peur - Matthieu 25.14-30
Dans le récit d’aujourd’hui, il est question d’un homme qui part en voyage. Avant de partir, il appelle ses serviteurs et leur confie ses biens. Au retour de l’homme, les trois serviteurs lui font un rapport de leur gestion.
Souvent Jésus raconte des « histoires » réelles ou fictives pour expliquer à son auditoire qui est Dieu, et la relation possible entre Dieu et l’homme.
Ce récit que l’on retrouve dans l’évangile de Matthieu suit une construction assez simple, en trois temps.
- Le premier temps (versets 14-15) indique ce qui se passe avant le départ de l’homme
- Le deuxième temps (versets 16-18) indique ce qui se passe pendant son absence
- Le troisième temps (versets 19-30) indique ce qui se passe à son retour
Cette troisième partie est elle-même divisée en trois parties : une introduction (verset 19), le rapport du 1er et du 2ème serviteur et la réponse du Maître (versets 20-21 et 22-23) et le rapport du 3ème serviteur et ses échanges avec le Maître (versets 24-30).
Cette dernière partie est la plus longue et semble contenir la clé de compréhension de ce que Jésus veut enseigner. Notamment : Quel est le Dieu dont il parle ? De quel type de religion il s’agit ? Qu’est-ce que la foi chrétienne ?
C’est donc cette partie qui va particulièrement nous intéresser. Au verset 24, arrive le tour du 3ème serviteur. Celui-ci s’approche et lui dit : « Maître, je te connaissais comme un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu récoltes où tu n’as pas planté ». Il décrit son Maître tel qu’il le voit, tel qu’il le connait depuis longtemps (utilisation de l’imparfait). Il prétend connaitre son Maitre, son caractère, son tempérament, sa personnalité, non par des ouï-dires, mais par expérience. Il le considère comme quelqu’un de dur. Il donne ses arguments pour appuyer ses prétendues connaissances. « Tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu récoltes où tu n’as pas planté ». C’est comme s’il disait : Je te connais, je t’ai observé, j’ai vu comment tu fonctionnes ; tu fais travailler les autres et tu amasses les bénéfices ; tu t’en mets plein les poches.
Comment les auditeurs ont-ils compris cette histoire ? Rappelons-nous de l’objectif de Jésus en racontant cette histoire. Si on revient au début du récit, Jésus avait commencé par faire une comparaison avec le Royaume de Dieu… Le royaume de Dieu est comme un homme qui… En clair, il dit : Le rapport entre l’homme et Dieu, c’est comme le rapport entre cet homme qui s’en va et ses employés. Ça renvoie à l’image que l’on a de Dieu.
Quelle image a-t-on de Dieu ? Il est important de comprendre la comparaison et l’enseignement de Jésus. Qui est le personnage dont on parle ? Qui est Dieu ? Ressemble-t-il à ce qui est décrit ici ?
Certaines personnes voient Dieu comme ce Maître, un être dur qui est bien tranquille là-haut, bien au chaud, alors que l’homme se démène. Un être loin, insensible à nos souffrances, aux difficultés que nous rencontrons. D’ailleurs beaucoup disent : « Si Dieu existait, il n’y aurait pas d’enfants qui meurent, de guerre, etc. » Si Dieu existe, ce doit être un personnage dur !
Beaucoup imaginent que ces traits de caractère correspondent à Dieu et ils ont peur comme le 3ème serviteur qui dit : « Comme je sais comment tu es, j’ai eu peur et je suis allé cacher ton argent dans la terre. Le voici, reprends-le ». La peur l’a conduit à cacher l’argent du Maître et à lui rendre tel quel à son retour. Comme cet homme, c’est cette émotion, la peur qui va guider leurs actions.
Cette histoire est à remettre dans son contexte.
Dans la culture juive de l’époque, si quelqu’un vous confie un objet de valeur, vous en êtes responsable et vous devez rendre l’intégralité de ce qui a été confié. Il ne faut pas se le faire voler, ni le laisser se dégrader. Les rabbins avaient déployé une combine pour échapper à cette grande responsabilité : confier cet objet à la terre et ainsi transférer la responsabilité à la terre. S’il arrivait quoique ce soit à cet objet, ce n’était plus de leur faute, mais la faute de la terre ! Dans notre récit, ce 3ème serviteur va utiliser ce subterfuge, par peur, pour ne pas avoir à faire avec le Maître s’il arrivait quoique ce soit.
A cause de ce type de raisonnement, la religion est vue comme une succession de règles à observer pour « être en règle » avec Dieu. Il faut que j’aie la loi de mon côté de sorte que le jour du jugement dernier, lors du face à face avec Dieu, je pourrai lui opposer mes « observances » et être quitte ; j’ai observé tes lois !
Il est évident qui si on place nos rapports avec Dieu dans ce cadre on aura vite un problème car les lois ne disent pas tout, ne prévoient pas tout. Elles ne disent pas si on peut regarder tel ou tel spectacle, ni combien de temps il faut lire la Bible… etc. pour être en règle avec Dieu ; du coup on ajoute règles sur règles.
La vision de ce serviteur est-elle celle à prendre en compte ? En lisant la fin du récit, on se rend compte que ce n’est pas ce serviteur qui doit être l’exemple car il a une vision erronée du Maître.
Qu’a fait ce Maître exactement ? Le texte dit que l’homme avant de partir a confié ses biens à ses serviteurs, (pas prêté, pas donné, ni remis dans un but précis), confié. On ne connait pas son intention. La seule précision que l’on a c’est sur l’objet : des talents (ce qui correspond à de l’argent – verset 24) et la quantité. (Pour info, un talent = 40 kg d’argent)
Avant de partir, il a tout remis entre les mains de ses serviteurs. On peut dire que ce Maître est généreux, voire très généreux, car après cette distribution, il ne lui reste rien. De même à son retour, remarquons bien, il ne récupère pas les talents, ni la plus-value gagnée par les serviteurs et encore moins le talent remis par le 3ème serviteur, comme pour lui dire : « Voici ton bien, reprends-le, je ne veux rien avoir à faire avec toi ».
En fait, celui qui aborde Dieu comme cet homme a une vision dure de Dieu et ne veut rien avoir à faire avec lui. Il ne peut donc voir en Dieu un être généreux, qui ne revient pas prendre ce qu’il n’a pas semé, mais au contraire pour donner de la joie après avoir tout donné. L’homme dit à chacun des deux premiers serviteurs : « Entre dans la joie de ton Maître. »
D’ailleurs, quand on observe la réaction des deux premiers serviteurs lorsqu’ils ont reçu leurs talents, la Bible dit : « Aussitôt », ce qui montre leur empressement, leur enthousiasme, non pas de cacher ce bien, mais de leur faire fructifier pour leur Maître, de collaborer avec lui, et la joie de regarder dans la même direction que Dieu, de travailler pour Dieu. La joie et non la peur !
Le Dieu du christianisme, c’est la personne de Jésus qui est comme cet homme du récit. Il est venu sur cette terre, il a tout donné, notamment son bien le plus précieux : la grâce, le pardon, la compréhension que Dieu aime tous les êtres humains.
Puis il est parti et a promis de revenir. Comme cet homme, quand il reviendra, il ne reprendra pas ce qu’il a donné, mais demandera : « Qu’as-tu fait de la grâce ? L’as-tu partagée ? » Il dira : Si tu l’as partagée, alors tu as dû découvrir qu’elle se multiplie et ouvre sur un mode de vie dynamique, joyeux, fait de partage.
Tu as certainement découvert que Dieu est un Dieu généreux, et non dur qui cherche à exploiter.
L’Evangile signifie Bonne nouvelle.
Puissions-nous découvrir que la joie d’être avec Dieu est la chose la plus merveilleuse à vivre et à partager.