RESUME de la PREDICATION de Isabelle MONET du 10 novembre 2018
La fin des temps
Texte de référence : Matthieu 25
Nous croyons que la fin des temps est une certitude. De nombreux textes bibliques en parlent. En voici deux :
Esaïe 65.25 : « Car je crée de nouveaux cieux et une nouvelle terre ; on ne se rappellera plus les événements du début, ils ne remonteront plus à la pensée. Il n’y aura plus là de nourrisson vivant quelques jours seulement, ni de vieillard qui n’accomplisse pas ses jours. Le loup et l’agneau auront un même pâturage, le lion, comme le bœuf, mangera de la paille, et le serpent aura la poussière pour nourriture. Il ne se fera ni tort ni dommage sur toute ma montagne sainte, dit l’Éternel. »
Apocalypse 21.1,2 : « Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre ont disparu et la mer n’est plus. Et la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, je la vis qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, comme une épouse qui s’est parée pour son époux. »
Dans ces deux textes, il est question d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle, et la description qu’en fait le texte d’Esaïe est particulièrement positive. Comment donc se situer face à cette fin des temps ? Comment s’y préparer ? Les trois récits de Matthieu 25 nous permettent de répondre, en tout cas partiellement, à cette question.
1 – La parabole des dix vierges
Il est question de dix jeunes filles ayant décidé d’aller au-devant d’un marié pour l’accueillir. Elles prennent donc chacune leur lampe. Cinq d’entre elles ont prévu assez d’huile, mais cinq en manquent quand, très tard, le marié arrive. C’est un texte qui nous est peut-être familier, mais qui pose de nombreuses questions.
. Première singularité : Le retard de l’époux. L’époux, dans la Bible, représente généralement Dieu. Même en Orient et malgré les tractations pour la dot, habituellement un époux qui est heureux de se marier, n’arrive pas avec cinq ou six heures de retard ! Nous sommes donc confrontés à deux pièges : D’un côté, être « aspirés » par le retour de Jésus, donc nier le temps et le monde dans lequel nous nous trouvons et agir comme si la vie ici-bas ne comptait pas. Autrement dit, ne jamais être présent au monde. D’un autre côté, nous risquons aussi de penser que son retour est tellement lointain qu’il ne concerne pas le présent, et donc de nous installer pesamment dans le monde. La première invitation qui nous est lancée dans cette parabole, consiste à trouver cet équilibre parfois fragile entre le fait d’attendre pleinement le retour du Christ, tout en vivant pleinement dans le présent qui nous est offert.
. Deuxième singularité : Le fait que les demoiselles d’honneur aient prévu cet impossible retard. Les cinq jeunes filles sages ont eu cette incroyable prudence de penser à l’impossible. Quand nous pensons à la fin des temps, nous sommes parfois pris d’un vertige. Pourtant, le Christ nous encourage à prévoir l’imprévisible, à prévoir l’impossible. Il s’agit de vivre comme si Jésus pouvait revenir demain, mais aussi comme s’il pouvait revenir beaucoup plus tard. Il s’agit d’espérer vraiment, d’être des croyants que le présent n’aveugle pas sur l’avenir et de vivre par la foi, mais aussi d’être présents dans notre temps, d’être des personnes que demain ne rend pas étrangers à aujourd’hui.
. Troisième singularité : Le manque de solidarité des jeunes filles qui ont de l’huile. La dimension communautaire de la foi est essentielle mais, avant toutes choses, nous devons vivre personnellement une relation avec Dieu. Se préparer pour la fin des temps, nous dit Jésus, consiste à faire des réserves des bénédictions de Dieu, à en prendre plus qu’il n’en faut, à se nourrir de sa Parole sans relâche.
. Quatrième singularité : Cette parabole donne peut-être l’impression que c’est en fonction de nous, de ce que nous faisons ou ne faisons pas que l’accès à Dieu est possible ou non. Rappelons-nous que ces dix vierges ont toutes répondu à l’invitation, qu’elles ont toutes pris une lampe pour aller au-devant du marié, mais qu’elles se sont aussi toutes endormies. Et quand l’époux est arrivé, elles se sont toutes réveillées. S’il fallait veiller au sens de rester éveillé, toutes auraient dû être rejetées, puisque toutes se sont endormies. Et si veiller, c’est être capable de se réveiller, toutes auraient dû être admises, puisque toutes ont été réveillées. La clef de ce texte est ailleurs. En effet, quand les vierges folles sont arrivées à la porte et ont exprimé leur désir d’entrer, le maître leur a dit au verset 12 : « Je vous le dis, je ne vous connais pas. » Voici la raison pour laquelle ces cinq vierges ne sont pas autorisées à entrer dans le royaume. Elles ont cherché la solution loin du Maître. Le royaume n’est pas un lieu d’exclusion en fonction de ce que nous faisons ou ne faisons pas. Les portes du royaume sont largement ouvertes à tous ceux qui aspirent à connaître le Christ et à se laisser connaître par lui.
2 – La parabole des talents
Il s’agit du récit d’un maître qui part en voyage et qui confie ses biens à ses serviteurs : 5 talents au premier, 3 talents au deuxième, et 1 talent au troisième.
. Première singularité : Le fait que le maître parte très loin, à l’étranger. Il fait confiance aux serviteurs. Il leur donne vraiment sa place. Ce n’est pas un patron comme les autres. Dieu accepte que l’Eglise soit ce que les ouvriers en feront. Son départ pour un long voyage est un enseignement sur « l’absence » apparente de Dieu dans nos vies. Dieu ne gère pas notre vie à notre place, il nous fait confiance ; il nous convie à être co-gestionnaires de sa création en quelque sorte. Il veut faire de nous des êtres responsables.
. Deuxième singularité : Le fait qu’à son retour, le maître fasse des comptes. Est-ce compatible avec la confiance qu’il a accordée à ses serviteurs ? Aimer un homme, c’est espérer vraiment en lui. C’est aussi lui accorder de l’importance, de la valeur, en attendre quelque chose. C’est lui faire confiance qu’un jour il portera du fruit. Et à la fin des temps, le Christ viendra chercher les fruits de son amour, parce qu’il ne peut pas croire que son amour aura été vain.
. Troisième singularité : Les deux premiers serviteurs ont cru que ce qui leur était confié l’était vraiment. Ils ont fait fructifier ce qui leur a été donné. Ils se sont comportés en co-ouvriers de Dieu. En revanche, le troisième serviteur n’a pas compris cette relation d’amour. Le texte nous dit qu’il est allé faire un trou dans la terre et qu’il y a caché l’argent de son maitre, comme si cette confiance et ce don ne le concernaient pas. Et il a agi ainsi parce que, manifestement, il n’aimait pas son maître. Et s’il n’aimait pas son maître, c’est qu’il s’en faisait une mauvaise idée. Il le considérait comme un maître dur exploitant ses employés. On peut avoir une mauvaise image du Christ et le méconnaître réellement tout en le fréquentant régulièrement. On peut également se tromper sur les raisons de son absence. Ainsi, le mauvais serviteur est celui qui, par peur ou par lâcheté, oublie le trésor qu’il possède en lui. Ce serviteur n’avait reçu qu’un seul talent et s’il l’avait fait fructifier, le maître aurait été pleinement satisfait. Ce serviteur voulait un Dieu qui ne le laisse pas libre. Le temps de l’attente dans lequel nous nous trouvons n’est pas un temps vide, un temps où il ne se passe rien, que ce soit dans l’Eglise ou dans le monde, mais un temps au cours duquel nous sommes invités à vivre et à faire vivre la Parole qui nous est donnée.
3 – Le jugement
Deux verdicts sont rendus dans ce texte :
. Verset 34 : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger et vous m’avez recueilli ; nu, et vous m’avez vêtu ; malade, et vous m’avez visité ; en prison, et vous êtes venus à moi. »
. Verset 41 : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, au feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. Car j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger et vous ne m’avez pas recueilli ; nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. »
Ce deuxième verdict semble extrêmement sévère. La condamnation des injustes, de ceux qui n’ont pas fait preuve d’amour, est terrible. Aucun texte du N.T. n’exprime plus clairement l’idée que s’abstenir de secourir équivaut à un crime. Ceci étant dit, les critères de justice de Dieu sont clairs et précis. Tout le monde sait ce que signifie avoir faim, être nu, être malade, être étranger, être en prison. Tout le monde ne l’a pas vécu, mais tout le monde peut savoir ce que l’on éprouve lorsque la vie nous expose à l’une de ces épreuves.
En fait, la justice de Dieu est la plus simple, la plus naturelle des justices. Elle consiste en six gestes à accomplir chaque fois que cela s’avère nécessaire : nourrir, abreuver, accueillir, vêtir, soigner, visiter.
Ce texte nous dit donc que c’est le comportement de chacun face à la misère et à la souffrance qui fera la sélection entre les bénis et les maudits. Ce ne sont pas les intentions, ni même la foi, dont il n’est même pas question ici, mais les gestes de secours, qui compteront au dernier jour. Ce qui pourrait nous gêner, dans ce texte, est le fait qu’il n’est nulle part question de foi, pas plus que d’espérance ou de grâce. En un mot il n’y est question que d’œuvres ! Or, ne sommes-nous pas sauvés par la grâce, gratuitement, au moyen de la foi ? Jésus semble dire le contraire. Pour résoudre cette contradiction apparente, il convient de lire ce passage à la lumière des deux paraboles qui précèdent. La première parabole met l’accent sur la nécessité de connaître Dieu. La deuxième met en évidence le fait que nous sommes invités à faire fructifier la Parole de Dieu, à la faire vivre.
Et ceci doit nous mener à agir avec amour. Que Dieu nous aide en ce sens !