RESUME de la PREDICAION d’Isabelle MONET du 1er avril 2017
Est-il facile d’avoir la foi ? La foi est-elle un long fleuve tranquille ? Nous sentons que la foi peut être une expérience merveilleuse, une expérience qui fait envie quand nous voyons à quel point elle illumine la vie de certaines personnes, mais nous avons peut-être aussi le sentiment que la foi est une expérience culpabilisante quand nous nous sentons incapables de la vivre de façon constante, selon notre propre définition de la foi.
L’apôtre Pierre a connu quatre étapes dans son cheminement de foi.
1 – Au commencement il y a eu l’évidence de l’appel, tout lui a paru très simple. Jésus l’a appelé et il l’a suivi. Il a fait de grandes choses par la foi, allant jusqu’à marcher sur l’eau. Cette première étape a atteint un point culminant dans un épisode que l’on trouve dans Matthieu 16.13-20. Beaucoup de gens ne rejetaient pas ouvertement Jésus et avaient même pour lui une certaine estime, mais ils ne le considéraient que comme un prophète. Alors un jour, Jésus a demandé à ses disciples : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Et Pierre a répondu immédiatement et spontanément : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Là encore, réponse pleine de foi – une foi que Jésus va d’ailleurs souligner : « Heureux es-tu, car c’est mon Père qui t’a révélé cela. » Le fait de vivre avec Jésus, d’écouter son enseignement, sa parole, et d’agir avec lui, ont porté leur fruit. Pierre a su reconnaître en Jésus l’envoyé de Dieu. Il fréquentait Jésus quotidiennement, ses paroles lui semblaient claires et tout lui semblait possible.
Cette étape de la vie de Pierre nous semble belle, nous fait envie peut-être, mais nous déroute aussi car nous devons reconnaître que la parole de Jésus n’a pas toujours le même effet en nous, que notre parcours n’est pas aussi limpide et clair que celui de Pierre.
2 – Mais Pierre est passé ensuite par des moments d’incompréhension et de résistance. Jésus a annoncé à ses disciples qu’un jour, assez proche, il irait à Jérusalem et que, dans cette ville il passerait par des souffrances, il vivrait les événements de la passion, il allait même mourir, puis ressusciter. Et le choc a été trop fort pour Pierre. Nous trouvons ce récit dans Matthieu 16.22-23 : « Pierre, le tirant à part, se mit à le réprimander en disant : Dieu t’en préserve, Seigneur ! Non, cela ne t’arrivera pas ! » On prend quelqu’un à part quand on a quelque chose de très important à lui dire, que seule cette personne doit entendre, ou encore quand on a de sérieux reproches à lui faire que l’on ne veut pas formuler devant tous. C’est exactement ce que Pierre a fait. Il s’est senti en position de donner une leçon à Jésus. Alors Jésus l’a vivement remis à sa place, en affirmant au verset 23 : « Tu es pour moi une occasion de chute, car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. Retire-toi ! » Peu de temps avant, Pierre avait reçu des éloges de la part de Jésus car il avait fait une réponse pleine de foi et il avait su identifier Jésus avec justesse ; mais Pierre a pu aussi se tromper totalement sur la véritable identité de Jésus. Pierre a laissé alors ses propres pensées, sa propre volonté, son propre plan s’exprimer.
L’épreuve de foi qui s’ouvre ici pour Pierre est de continuer à croire lorsque la situation est plus confuse, lorsque les signes sont moins nombreux, lorsque la parole du maître bouleverse sa logique humaine.
3 – Juste avant la mort de son Maître, Pierre a même renié Jésus à trois reprises, alors même qu’il avait affirmé être capable de résister à toute épreuve. Mais quand le coq a chanté une deuxième fois, Pierre s’est rappelé que Jésus avait annoncé que des problèmes allaient surgir, que lui et les autres disciples allaient être troublés, perturbés, voire même perdus, mais il se rappelle aussi que Jésus avait ajouté (Luc 22.32) : « Mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne disparaisse pas. Et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères. » Pierre s’est donc rappelé que Jésus lui a annoncé que ses échecs n’étaient pas irrémédiables, que ses faillites seraient teintées d’espoir et qu’il était là avec lui, prêt à le soutenir pour que sa foi qui venait de vaciller ne disparaisse pas.
4 – Jésus lui en a-t-il voulu ? L’a-t-il pour autant abandonné ? Pierre a-t-il totalement lâché prise, déçu par ses propres faiblesses ? Non, fort des expériences qu’il avait vécues avec le Christ, Pierre n’a eu de cesse de le replacer au centre de sa vie. Il avait compris que le Christ est Dieu avec nous, qu’il nous fait grâce sans cesse, que nous n’avons pas à monter vers lui mais qu’il vient à nous pour nous guider dans notre cheminement spirituel. Témoin de l’amour du Christ, Pierre a su se remettre en question, se relever et continuer à avancer parce que le Christ est venu à lui, il s’est mis à sa portée, il s’est adapté à sa réalité, non pas pour que Pierre demeure dans cette réalité, mais pour l’accompagner et lui permettre ainsi de cheminer vers une autre réalité, la réalité du royaume de Dieu, la réalité de la vie éternelle.
Les différentes étapes du cheminement de foi de Pierre nous montrent que seule l’expérience peut fonder la foi et la confiance. Pierre nous enseigne qu’être croyant, avoir la foi, c’est faire l’expérience d’une relation personnelle avec le Christ, expérience qui structure l’existence et permet de s’orienter dans la vie de façon bien plus sûre qu’on ne peut le faire avec un ensemble inerte de principes, aussi nobles et utiles soient-ils par ailleurs.
La foi n’est pas un contenu mais une relation de personne à personne : la foi, c’est la présence active de Dieu en nous, présence qui vient à nous, qui nous saisit et qui nous transforme au fil des événements heureux et malheureux, faciles ou difficiles de notre vie.
Ainsi, « regardons toujours à Jésus, car c’est lui qui fait naître la foi et qui la rend parfaite » (Hébreux 12.2).