RESUME de la PREDICATION de Luc ANSELINE du 11 juillet 2015

Foi et incrédulité : Marc 9.14-29

 

L’histoire de ce père désespéré se retrouve chez les trois évangélistes. (Matthieu 17.14-21 ; Marc 9.14-29 ; Luc 9.37-43) Le miracle est manifestement important. Cependant¸ le centre de la scène n’est pas la guérison de cet enfant, mais l’incrédulité des neuf disciples que Jésus avait laissés au bas de la montagne.

Dans les versets précédents Jésus vient de vivre l’épisode de la transfiguration où sa gloire divine fut révélée. Entouré de Pierre, Jacques et Jean, il voit un attroupement : les neuf disciples dialoguent avec les scribes au milieu d’une grande foule. Les scribes ont constaté que les disciples n’ont pas pu guérir l’enfant malade et se moquent d’eux.

Les disciples sont en difficulté. Ils n’ont pas pu chasser les démons malgré le pouvoir que Jésus leur a transmis. Ils se sont donc couverts de ridicule devant les scribes et la foule et, par ricochet, ont ridiculisé Jésus lui-même.

On assiste à de véritables reproches de la part de Jésus. Après trois ans de travail, ses disciples ne valent guère mieux que la foule. Il souffre de cette situation et de l’incrédulité des siens.

(Marc 9.17 ; Luc 9.39) ou un démon (Matthieu 17.18).

La description d’une maladie avec un tel luxe de détails est rare dans le Nouveau Testament.

C’est un esprit muet et sourd qui empêche l’enfant d’entendre et de parler. Il se saisit de lui, le précipite à terre et le fait entrer en convulsion. L’enfant écume, grince des dents et devient tout raide.

Matthieu précise que l’enfant était lunatique, c’est-à-dire l’un de ces malades considérés comme influencés par les phases de la lune. Ce sont là les symptômes patents de l’épilepsie, attribuée à l’emprise d’un démon.

Matthieu ira plus loin en disant au chapitre 17, verset.17 : « race incrédule et perverse ».

Jésus exprime ici les sentiments profonds de son cœur : tristesse, peine, déception et colère. Bien qu’ils l’aient suivi pendant près de trois ans, recevant son instruction, les disciples faisaient encore preuve de l’incrédulité qui caractérisait Israël tout entier.

Dans Matthieu 17.19-20, il les traite de « gens de peu de foi, dont la foi n’est pas plus grande qu’un grain de moutarde ».

Mais ce n’est pas un cas d’épilepsie ordinaire. La crise est déclenchée à l’instant où l’enfant apparaît devant le Seigneur. Il y a donc à la fois épilepsie et possession démoniaque. Le démon ne supporte manifestement pas la présence du Christ, sachant qu’il est plus fort que lui et qu’il est venu pour le vaincre. Il est clair que ce démon est l’auteur de la maladie et le responsable de la crise.

Dans Marc, Jésus demande au père, verset 21: « Depuis combien de temps cela lui arrive-t-il ? »

Cela ressemble étrangement à une consultation médicale.

Le père répond à Jésus : « depuis son enfance… » en ajoutant une supplication :

Verset 22 : Mais aie pitié de nous et viens à notre secours, si tu peux ! (version BFC)

L’interrogatoire n’est pas là pour permettre à Jésus de faire un diagnostic, mais pour aider le père à réaliser ce qu’il demande au Seigneur : rien de moins qu’une guérison instantanée et complète, alors que l’enfant est malade depuis son enfance.

C’est la pédagogie de Jésus pour que le malheureux père mesure la portée de ce qu’il lui demande et de ce qui va se produire. Il ne sollicite pas une aide humaine, mais le secours divin.

Vous remarquerez ici que Jésus s’occupe d’abord du père, car lui aussi a besoin de Jésus ; il manque de foi.

« Si tu peux quelque chose… » dit-il, cet homme croit, mais sa foi est bien faible. « Si tu peux quelque chose…, si par hasard tu es plus fort que tes disciples qui ont échoué… »

Verset 22 : « Viens à notre secours, aie compassion de nous ».

Il fait appel à la pitié de Jésus en faveur de l’enfant et de la famille.

Jésus répond au verset 23 : « Si tu peux !… Tout est possible à celui qui croit ! »

Il ne s’agit pas de savoir s’il peut ou non faire ce miracle, mais si ce père a assez de foi pour l’en croire capable. S’il croit et ne doute pas, il obtiendra ce qu’il désire.

La réaction du père est immédiate. Verset 24 : « Je crois ! Viens au secours de mon incrédulité ! »

Les miracles ne dépendent pas de la foi, mais de la seule volonté de Jésus qui voit beaucoup plus loin que nous. Rien ne prouve que tous les malades qu’il guérit aient une foi forte. Ici, il a affaire à un père croyant avec une foi faible. Le dialogue avec Jésus a pour but de faire réaliser au père qu’il demande un grand miracle, une démonstration de la toute-puissance divine, et Jésus veut lui faire prendre conscience de la puissance de la foi.

Verset 25 : « Esprit muet et sourd, je te l’ordonne, sors de cet enfant et n’y rentre plus ! »

Jésus guérit le garçon en chassant le démon qui habitait en lui. Il veut une guérison totale et définitive.

Verset 28 : « Pourquoi n’avons-nous pas pu chasser cet esprit ? demandent les disciples ? »

Il existe une foi dite charismatique ou héroïque, cette foi qui déplace des montagnes. (1 Corinthiens 13.1.2) Jésus attendait des douze disciples qu’ils fassent des miracles sans douter de leur pouvoir, car il leur avait ordonné d’en faire et les en avait rendus capables.

Tous les démons ne se ressemblent pas. Certains sont plus puissants et plus rebelles que d’autres, plus difficiles à déloger. Pour les chasser, il faut une foi triomphante qui ne doute pas d’elle-même et surtout pas de Jésus.

Le démon qui possédait cet enfant avait défié les disciples.

Verset 29 : « Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière. »

Plutôt que de s’avouer vaincus, ils auraient dû recourir à la prière, compter sur Jésus, tabler sur sa force et sur sa promesse.

Matthieu ajoute à la prière le jeûne qui, bien pratiqué, est un support à la prière et la rend plus intense.

Pour terminer, je souhaite vous lire cette citation, un peu comme une prière :

« Je crois, mais viens au secours de mon incrédulité ! » C’est une des plus belles confessions de foi, peut-être la plus belle, parce que la plus authentique, la plus véridique. J’ai confiance, mais secours-moi dans mon manque de confiance !

Je veux te faire confiance, mais c’est si difficile ! Il y a en moi une zone qui s’y refuse, un « Oui, Jésus, tu pourras ! » et un « Non, tu ne pourras pas ! »

Alors, fais qu’il n’y ait qu’un oui. N’écoute que ce oui. Fais comme s’il n’y avait en moi que confiance et espérance.

Ne tiens pas compte de ma défiance, de mes doutes, de mon incrédulité, et guéris-moi.

Noie mon doute, tue-le, pardonne-le !

C’est sans doute cela la vraie foi, celle qu’on trouve chez les enfants de Dieu qui savent que leur foi est partielle, faible. Croire, c’est savoir dire à Jésus qu’on n’a pas assez confiance en lui. C’est oser le lui dire, en avoir l’honnêteté, le lui crier, comme ce père. »

Puisse le Seigneur augmenter notre foi dans sa toute-puissance