RESUME de la PREDICATION de Bernard CASSARD du 10 juin 2017

Constamment au cours des âges la Bible a été l’objet de critiques et d’attaques. Ceux qui se sont livrés à de tels agissements contre la Bible poursuivent toujours le même but : dissuader les femmes et les hommes de lire ce livre extraordinaire qu’est la Bible. Certains ont voulu détruire purement et simplement la Bible en la faisant disparaître matériellement ; d’autres ont cherché à empêcher sa traduction dans les langues parlées par le peuple ; certains ont voulu faire croire que la Bible ne contenait que des mythes, des légendes, des histoires inventées, des fausses prophéties et qu’elle contenait de nombreuses contradictions et incohérences ; souvent la Bible est dénaturée par ceux qui croient qu’elle est la parole de Dieu en donnant une interprétation erronée de certains de ses textes, ce qui conduit à donner une vision déformée de Dieu.

Beaucoup de ces tentatives volontaires ou inconscientes ne cherchent qu’à dévaloriser la Bible. Elles sont sans fondement et finalement la Bible résiste bien à tous ceux qui cherchent d’une manière ou d’une autre à la dévaloriser.

Il faut être prudent lorsqu’on interprète un texte biblique car on risque de lui faire dire des choses qui déforment le caractère de Dieu et qui s’opposent à ses intentions. Pour vous donner un exemple d’interprétation erronée, j’ai choisi comme texte la première partie de Genèse 3.16 : « Il [Dieu] dit à la femme : J’augmenterai la souffrance de tes grossesses. »

J’ai toujours eu des difficultés à comprendre cette décision de Dieu de faire souffrir cette femme et, au travers d’elle, toutes les femmes. Comment un Dieu d’amour peut-il délibérément faire souffrir sa créature ? Comment le Dieu de la vie pouvait-il décider que le processus de la grossesse dont le but est de donner la vie soit un processus de souffrance ?

Le texte biblique voudrait-il nous laisser entendre que, puisque la femme a péché, Dieu va la faire souffrir ? Puisqu’elle a péché la première et qu’elle a entraîné son mari, elle doit en subir les conséquences, elle doit souffrir et avec elle toutes ses filles ? Si telle est la signification de ce texte alors le Dieu qui dit à la femme « J’augmenterai la souffrance de tes grossesses » est un Dieu sans amour, il ne pense qu’à punir.

D’une manière générale, les paroles adressées par Dieu au serpent, à la femme et à l’homme ont été lues uniformément comme un jugement divin, comme une condamnation céleste, comme des punitions infligées aux coupables, ce qui a donné toutes les différentes traductions que nous connaissons concernant les paroles destinées à la femme.

. Première remarque : L’idée d’augmenter est étrangère au texte original qui n’utilise pas ce verbe. Au moment où Dieu parle à la femme, celle-ci n’a pas encore eu de grossesse. A ce moment-là, seul Dieu sait ce que produira la grossesse chez la femme. S’il dit qu’il va augmenter la souffrance de ses grossesses, c’est que cette souffrance préexiste déjà avant le péché, ce qui est inconcevable.

. Deuxième remarque : L’idée que Dieu utilise la grossesse comme instrument de punition, voire de malédiction, est totalement contraire à ce que la Bible, et particulièrement Moïse, disent des grossesses.

Les grossesses sont incluses dans la première bénédiction (Genèse 1.28). A lui seul ce texte proclame que la grossesse est une bénédiction et que la maternité est une bénédiction. 4 fois dans le livre du Deutéronome cette bénédiction est rappelée : 7.13 – 28.4 – 28.11 – 30.9.

Il est clair que pour Dieu la grossesse est une bénédiction. Comment pourrait-il dire : « Je t’aimerai, je te bénirai et te multiplierai, je bénirai le fruit de ton ventre » (Deutéronome 7.13) et en même temps dire : « J’augmenterai la souffrance de tes grossesses » ? Comment Dieu pourrait-il dire : « Je te comblerai de biens en multipliant le fruit de ton ventre » (Deutéronome 28.11) et dire en même temps : « J’augmenterai la souffrance de tes grossesses » ? Plus Dieu multipliera les grossesses pour faire du bien, plus il augmentera la possibilité de faire souffrir les femmes enceintes. Comment qualifier une telle attitude ? Nous sommes plus proches d’une forme de perversité que de l’amour et de la bonté.

Est-ce que nous avons bien compris ce que Dieu a dit à la femme après son péché ?

Les versets de Genèse 3.14 à 19 se détachent des autres versets car ils sont écrits en langage poétique dans le même style que les textes prophétiques. Il s’agit donc d’une prophétie.

Dieu s’adresse successivement au serpent, puis à la femme, puis à l’homme. La femme occupe la position centrale, dans une poésie de la Bible, c’est la place la plus importante.

Au serpent, Dieu dit : « Puisque tu as fait cela » à l’homme, il dit : « Puisque tu as écouté la voix de ta femme », à la femme il ne dit pas : « Puisque que tu as… » Aucun reproche n’est fait à la femme. C’est étonnant car la femme passe toujours à nos yeux pour la principale responsable de l’introduction du péché. En s’adressant au serpent et à l’homme, Dieu utilise le mot « maudit », il ne le fait pas pour la femme, aucune allusion à une quelconque malédiction.

Le verset de Genèse 3.15 donne des éléments intéressants pour la réflexion sur la manière dont Dieu considère la femme au moment où il s’adresse au serpent. Dieu installe une hostilité entre le serpent et la femme. Pourquoi pas entre le serpent et l’homme et la femme ? Ou entre le serpent et l’homme ? Pourquoi la femme était seule l’associée de Dieu dans la lutte contre le serpent ? Deux raisons :

La conversion de la femme :

Lorsque Dieu a demandé à la femme : « Pourquoi as-tu fait cela ? »  « La femme a répondu : C’est le serpent qui m’a trompée, et j’ai mangé. » Genèse 3.13 (Nouvelle Bible Segond)

Dans une première lecture hâtive, on pourrait conclure que la femme fait une réponse similaire à celle de l’homme qui a rejeté la responsabilité de sa faute sur elle. Elle rejetterait la faute sur le serpent. Mais cette interprétation n’est pas confirmée par le contexte.

En disant : « Le serpent m’a trompée et j’ai mangé » (TOB), la femme dit exactement ce qui s’est passé et ce qu’elle pense au moment où elle répond à Dieu. Elle reconnaît qu’elle a cru à ce que le serpent lui avait dit, qu’elle a mangé du fruit et par conséquent rejeté la Parole de Dieu à propos de l’interdit sur le fruit de la connaissance du bien et du mal. En précisant, le serpent m’a trompée, la femme proclame qu’elle considère à présent les propos du serpent comme mensongers. Si dans un premier temps elle a cru sur la base des déclarations du serpent que Dieu n’avait pas dit la vérité à propos du fruit de cet arbre et qu’au fond Dieu était un menteur et un égoïste voulant se réserver à lui seul les privilèges attachés à cet arbre, elle déclare maintenant que tout cela n’était que tromperie du serpent et que son intention maintenant n’était plus de suivre le parti du serpent, mais que par ces paroles elle était disposée à revenir à Dieu.

Il n’en faut pas plus à Dieu pour lui accorder sa grâce. La femme est immédiatement pardonnée pour son péché.

Lorsque Dieu dit au serpent : « Je mettrai l’hostilité entre toi et la femme », il choisit la femme comme associée plutôt que le couple ou l’homme. Pourquoi ? Nous avons déjà remarqué qu’après la réponse de la femme, « le serpent m’a trompée », Dieu ne lui fait plus aucun reproche, alors qu’à l’homme il lui reproche d’avoir écouté la voix de sa femme et il lui parle de malédiction, ce qu’il ne fait pas avec la femme. Ces différences montrent que Dieu considère que la femme a changé depuis son péché et qu’elle est revenue à lui alors que l’homme n’a pas encore changé. C’est parce que la femme est revenue à Dieu en passant par la conversion que Dieu a fait alliance avec elle pour lutter contre le serpent.

La portée prophétique et messianique de Genèse 3.15 :

Dieu annonce que la descendance de la femme remportera la victoire sur le serpent, ce qui montre que ce texte a une portée prophétique et messianique. Pour que cette prophétie sur la venue du Messie puisse se réaliser, Dieu interviendra personnellement plusieurs fois dans la descendance de la femme pour que des femmes stériles comme Sarah, Rebecca et d’autres puissent avoir des enfants. Il interviendra par l’action du Saint-Esprit sur Marie pour qu’elle puisse avoir un enfant, Jésus, sans l’intervention d’un homme. Immédiatement après cette prophétie sur la descendance de la femme, Dieu s’adresse à elle en lui expliquant ce qui va se passer pour elle.

Genèse 3.16 traduction littérale : « Je multiplierai, multiplier ta peine et ta grossesse. »

Le redoublement du verbe est une forme d’instance déjà plusieurs fois utilisée dans les récits de la création (Genèse 1.28 avec le verbe multiplier ; Genèse 2.17 avec le verbe manger ; Genèse 2.17 avec le verbe mourir)

Ce redoublement exprime ici l’abondance des peines et l’abondance des grossesses. Le singulier doit être compris comme un singulier collectif qui a valeur de pluriel.

Le mot hébreu traduit par « peine » est employé seulement 2 autres fois dans toute la Bible, justement dans le livre de la Genèse : Genèse 3.17 et Genèse 5.29. Ces 2 textes montrent que le mot « peine » exprime la difficulté de l’homme à travailler le sol maudit. C’est le même mot que celui qui est employé pour parler de la peine de la femme qui elle aussi doit lutter non contre le sol maudit mais contre le serpent maudit, tâche combien plus redoutable. En mettant la femme en première ligne dans le combat contre le serpent, Dieu mettait inévitablement la femme et sa descendance devant de multiples difficultés. Cette lutte incessante entre la femme et le serpent a été décrite jusque dans le livre de l’Apocalypse (Apocalypse 12.17). Dans le même chapitre de l’Apocalypse, le dragon est clairement identifié (Apocalypse 12.9).

D’après le texte d’Apocalypse, la femme symbolise l’humanité fidèle à Dieu qui doit faire face aux attaques incessantes du serpent sachant que la victoire est assurée car Dieu est à ses côtés. La formule je multiplierai, multiplier ta peine s’applique particulièrement bien à cette situation de lutte qui est incessante entre le dragon et la femme.

L’interprétation que l’on donne à la première partie du texte de Genèse 3.16 modifie considérablement la vision que l’on a de Dieu : Soit un Dieu qui punit la femme en la faisant souffrir lorsqu’elle devient mère, soit un Dieu qui aime la femme, la bénit et la choisit comme associée pour lutter contre le mal.

Pour Dieu, la grossesse est une bénédiction, la plus grande bénédiction qu’il a faite à l’humanité. Puisque le serpent a remporté une victoire sur l’homme en le détournant de Dieu et en introduisant le mal et ses conséquences qui affecteront l’humanité, Dieu a béni la femme et a fait alliance avec elle et sa descendance parce qu’elle s’est tournée vers lui après avoir péché et qu’elle a été l’objet de la grâce de Dieu qui lui a pardonné. Au moment où Dieu bénit la femme pour qu’elle ait une descendance nombreuse, l’homme n’est pas encore revenu à Dieu, il reviendra plus tard. Dieu prend la femme comme associée dans la lutte contre le serpent ; la plus grande bénédiction qu’il accordera finalement à l’humanité entière, c’est qu’un jour, encore lointain à ce moment-là, une femme donnera naissance à un enfant venu de Dieu. Celui-ci remportera une victoire définitive sur le serpent et le mal qu’il a introduit dans l’humanité. Tous les humains qui se tourneront vers lui se béniront en lui, c’est-à-dire qu’ils recevront de lui une vie pleine et entière.

Vous pouvez trouver des éléments de réponses à deux prolongations de l’étude ci-dessus en suivant ce lien : https://www.bible-et-histoire.com/etude/le-jour-ou-tout-a-bascule/